LIBERTÉS FONDAMENTALES – Critiquer sans preuve : quand la liberté d’expression devient une infraction
Publié le :
14/01/2025
14
janvier
janv.
01
2025
Cass, crim du 8 janvier 2025, n°23-84.535
La liberté d’expression, bien qu’essentielle, connaît des limites lorsqu’elle porte atteinte à la réputation d’autrui. L’article 226-10 du Code pénal réprime la dénonciation calomnieuse, définie comme l’imputation mensongère d’un fait susceptible d’entraîner des sanctions, adressée à une autorité compétente.
Dans l’affaire portée devant la Cour de cassation, un particulier avait adressé plusieurs courriers au président d’une institution, accusant deux experts judiciaires de comportements gravement répréhensibles, notamment de corruption et de falsification volontaire d’expertises, dans des procédures impliquant des malversations au préjudice de sa tante.
Le Tribunal correctionnel a requalifié ces faits en dénonciation calomnieuse et a condamné le particulier à quatre mois d’emprisonnement avec sursis et à une amende de 8 000 euros, dont 4 000 euros avec sursis.
La Cour d'appel a confirmé sa condamnation pour dénonciation calomnieuse, estimant que les propos tenus dans les courriers adressés au président de l’institution, bien que privés, comportaient des accusations graves et non fondées de corruption. Elle a jugé que ce destinataire avait qualité pour saisir une autorité compétente, rendant ainsi applicable l’article 226-10 du Code pénal. Elle a également écarté l’argument de la liberté d’expression, considérant que les propos excédaient les limites admissibles de la critique en raison de leur gravité et de leur absence de fondement.
La Cour de cassation a rejeté son pourvoi en estimant que la Cour d'appel avait correctement appliqué l’article 226-10 du Code pénal. Elle a confirmé que le président de l’institution destinataire des courriers avait la qualité pour saisir une autorité compétente, justifiant ainsi la qualification de dénonciation calomnieuse.
De plus, elle a jugé que les accusations de corruption, graves et sans fondement, formulées sans nuance, portaient atteinte à la réputation professionnelle des experts. La peine prononcée, tenant compte de la gravité des faits, des antécédents judiciaires du prévenu et de ses ressources, n’était pas disproportionnée et respectait l’équilibre entre la liberté d’expression et la protection de la réputation.
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